L'épisode Vendéen de Chatillon sur Indre et de Palluau.2.

Publié le 25 Mai 2012

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Monument commémoratif

  Photo de Jean Faucheux ©

La Journée des sabots

 

 

 

La journée du 25 ventôse an IV (15 mars 1796), devait être décisive. La foule était rassemblée sur la place de Palluau qui était devenue le centre de l’insurrection. Le matin, on avait sonné une nouvelle fois le tocsin et l’église et la place devenait insuffisante pour le nombre de combattants qui arrivaient de tous les environs.  Après la messe dite par le curé Estevannes et un sermon plus militaire que religieux, les sentinelles du château signalèrent dans le lointain une colonne d’infanterie, venant de Châtillon, et semblant se diriger sur Palluau. En un instant les abords de l’autel furent désertés. Tous les regards se tournèrent inquiets vers la route de Châtillon à Buzançais,  au-delà de l’Indre qui coule en contrebas de Palluau  bâti sur une barre rocheuse. Arrivée au point critique de l’embranchement du chemin de Palluau, la colonne poursuivit sa route s’en même jeter un regard vers les insurgés.

  

Une immense clameur de soulagement couvrit le village. Mais bientôt de toute part on cria aux armes ! Il faut les empêcher de rejoindre Buzançais! Les chefs, qui avaient envie d’en découdre donnèrent l’ordre de former les rangs et de gagner les bords de la rivière, qu’il fallait franchir avant tout. L’Indre à cette endroit est assez large et profonde, et la traversée ne se faisait alors que sur des planches lancées sur des pieux enfoncés dans le lit de la rivière et au moyen d’un bac qu’on tractait d’un bord à l’autre avec une corde. Les cavaliers suivirent la rivière pour rejoindre un gué situé en aval. Il fallut au moins une heure à la troupe à pied, forte de deux à trois cent hommes auxquels s’étaient joints des femmes et des enfants, pour passer la rivière et se mettre à courir vers Buzançais distant de trois lieues environ et tacher de rejoindre la troupe.

 

On eu beau prendre les raccourcis, lorsque le groupe arriva sur le grand chemin de Tours à Châteauroux comme on disait alors, la troupe qui avait allongé le pas, avait toujours une bonne lieue d’avance ; à chaque haut de côte, le groupe les apercevaient sur la côte suivante, mais  il fallait se rendre à l’évidence, il était impossible de les rejoindre.

  

Lorsque le groupe d’insurgés maintenant rejoint par les cavaliers  arriva en vue de Buzançais, le Général Fauconnet donna l’ordre de s’arrêter. Normalement, du haut de la côte où il se trouvait, il aurait dû voir la troupe au-devant de lui. Il sentit le piège. Au bas de la petite vallée qu’il avait à ses pieds, la route bordée de marécages traversait un modeste ruisseau sur un pont de bois très étroit. Il comprit que les gendarmes qui n’avaient pas eu le temps d’entrer dans Buzançais s’étaient certainement embusqués sur la crête opposée. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’en fait, le Général Desenfants, averti de l’arrivée de la troupe, était venu au-devant d’elle avec ses gendarmes, décidé par tous les moyens d’empêcher  les insurgés d’entrer dans Buzançais et qu’il venait de faire la jonction avec le bataillon de Tours.

 

Conscient du piège, le général Fauconnet demanda à son groupe de chanter un chant au Roy. C’est alors que du haut de la crête opposée, militaires et gendarmes entonnèrent la Marseillaise. Après quelques instants d’hésitation, le général Fauconnet compris qu’il ne pouvait plus reculer et décida de donner la charge. Cavaliers et insurgés s’élancèrent au-delà du pont de bois mais le groupe n’avait pas encore finit de le traverser qu’un feu nourrit faucha les premiers rangs. En quelques secondes tout le groupe se mis à refluer en même temps, mais le pont était trop étroit. Ce fut un véritable carnage. Lorsque la troupe cessa le feu quatre-vingt insurgés, hommes, femmes, enfants, les uns tués par balle, les autres écrasés gisaient aux abords du pont. Les plus jeunes et les plus valides comprirent que pour s’en sortir il fallait tenter sa chance par les marécages. Beaucoup se noyèrent, d’autres, comme notre colporteur réussirent une fois à l’abri des balles à regagner la terre ferme et à se sauver.

 

Dans leur hâte, ceux qui purent se sauver abandonnèrent leurs sabots tout au long de la route vers Palluau. On appela ce jour, la journée des sabots.

 

 

Source:Texte de Jean Faucheux

Avec son aimable autorisation

 

  Note de JP:Tous les renseignements complémentaires sur cette page d'histoire seront les bienvenus.

 

 

 

 

 

 

Rédigé par Le blog sur Chatillon sur Indre

Publié dans #Histoire

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